Les Français et la mer - Perceptions et attachements
Mis à jour le | Commissariat général au développement durable
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Le bord de mer est le lieu de vie préféré des Français. Que ce soit en métropole ou en outre-mer, les Français apprécient avant tout la mer pour la détente et le divertissement. D’une manière générale, la mer et toutes les thématiques s’y rapportant suscitent un grand intérêt chez les Français. Environ 20 % des personnes interrogées pensent qu’il faut réduire significativement les activités humaines en mer afin de protéger le milieu.
Chiffres clés
Métropole | Antilles | Mayotte | Nouvelle-Calédonie | Polynésie française | |
---|---|---|---|---|---|
% de Français préférant vivre en bord de mer | 51 | 31 | 65 | 59 | 47 |
% de Français intéressés par la mer en général | 89 | 87 | 90 | 95 | 94 |
% de Français déclarant pratiquer les promenandes et l'observation en bord de mer (attrait esthétique) | 85 | 72 | 90 | 83 | 82 |
% de Français pensant que, pour protéger la mer, il faut d'abord développer des activités humaines plus respectueuses de l'environnement | 72 | 67 | 62 | 63 | 69 |
% de Français considérant comme insuffisantes les mesures des autorités publiques en matière de protection de la mer | 67 | 61 | 57 | 59 | 59 |
% de Français favorables à la création de nouvelles AMP | 87 | 87 | 88 | 82 | 96 |
% de Français estimant que la protection de l'environnement peut générer des activités professionnelles pour les populations locales | 90 | 92 | 90 | 95 | 92 |
Situation personnelle des Français par rapport à la mer
Attachement des Français à la mer
Interrogés sur l’endroit où ils préféreraient habiter s’ils en avaient le choix, les Français placent majoritairement en première position le bord de mer devant l’intérieur des terres (la campagne ou la montagne) et la ville. D’importantes disparités géographiques sont cependant observées : en 2014, 65 % des habitants de Mayotte déclarent préférer vivre en bord de mer, mais les antillais se démarquent, avec seulement 30 % partageant cette préférence, plus de la moitié déclarant préférer l’intérieur des terres.
Environ la moitié des métropolitains choisissent le bord de mer en premier lieu et cette proportion semble en augmentation depuis le sondage de 2006 (32 %). Il convient toutefois de souligne l’évolution des modalités de réponses, les propositions « À la campagne » et « À la montagne » ayant été regroupées en 2014 en une seule réponse (« À l’intérieur des terres (à la campagne ou à la montagne) »), cette modification ayant pu influencer la tendance. Par ailleurs, les disparités d’opinions entre territoires peuvent s’expliquer uniquement par la différence de perception de la notion d’intérieur de terre entre les populations insulaires ultra-marines et les Français vivant en métropole.
Intérêts des Français pour la mer
D’une manière générale, la mer et les thématiques s’y rapportant suscitent un grand intérêt chez les Français. En 2014, plus de la moitié des personnes interrogées, quel que soit le territoire sondé, s’est déclarée intéressée par chacune des six thématiques proposées. C’est la proposition la plus générique (« La mer d’une façon générale ») qui rassemble naturellement le plus de personnes intéressées (environ 90 %). Il convient de souligner que ce fort intérêt est associé à une inquiétude de la population, puisque parmi les 6 thèmes proposés, « les pollutions marines » arrivent en tête des sujets intéressant le plus la population (75 % à 85 %), juste après la biodiversité marine (80 % à 92 %). Le patrimoine culturel maritime vient ensuite, suscitant l’intérêt d’au moins les trois quarts des personnes sondées, suivi des sports et des loisirs nautiques puis des activités économiques et sociales .
On note également que, pour l’ensemble des thématiques proposées, l’intérêt des Français à leur égard progresse depuis 2010 (pour le patrimoine culturel notamment, avec +11 points en métropole par exemple).
En métropole, les disparités d’opinion relatives aux principaux centres d’intérêt entre territoires géographiques sont faibles : la seule différence notable concerne les habitants des départements littoraux qui se déclarent plus souvent intéressés par les pollutions marines (83 % vs 80 %).
En revanche, d’importantes différences sont observées entre la métropole et l’outre-mer. Les habitants de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie Française, et dans une moindre mesure de Mayotte, se disent ainsi plus souvent intéressés que les habitants de métropole par le patrimoine culturel, les sports et loisirs nautiques ou encore les activités économiques et sociales, les Antillais occupant quant-à-eux une position intermédiaire.
Usages de la mer par les Français
L’intérêt de la population à l’égard du milieu marin est associé à des usages de ce milieu très majoritairement tournés vers les loisirs. Ces derniers, comme les centres d’intérêt, varient selon les territoires sondés.
La promenade et la baignade sont les deux activités liées à la mer les plus pratiquées par les Français. En troisième position, arrive, en métropole, la consommation de poissons et de fruits de mer (55 % pour l’ensemble, 64 % dans le nord ouest et 69 % dans le sud ouest), alors que les français d’outre-mer déclarent plutôt pratiquer la pêche de loisirs (72 % en Nouvelle-Calédonie, 76 % en Polynésie française). Concernant cette activité, il convient de souligner la part élevée de la population, tous territoires confondus, ayant déclaré pratiquer la pêche de loisir dans ce sondage par rapport aux autres estimations disponibles sur le sujet.
Les activités sportives et de plaisance sont plus souvent pratiquées en outre-mer (33 % en métropole, 56 % en Polynésie française ), ainsi que l’usage de moyens de transport maritime (27 % vs 59 %). À noter, les positions des Antillais (qui se rapprochent plutôt de celles des métropolitains) et dans une moindre mesure des mahorais qui occupent une position intermédiaire.
Enfin, parmi les populations sondées, la proportion de professionnels de la mer est particulièrement faible (de 3 % en métropole et à Mayotte à 12 % en Polynésie Française). Par ailleurs, elle est en nette diminution par rapport à 2010, particulièrement dans les territoires ultramarins (-12 points en Polynésie Française), ce dernier résultat, comme la part de pêcheurs de loisirs, ne semblant pas en adéquation avec les statistiques et évolutions disponibles sur le sujet.
En termes d’évolution, outre ces activités professionnelles, les usages balnéaires semblent également en diminution, surtout en métropole (-7 points). Pour les autres activités, des spécificités géographiques sont observées. La pêche de loisir paraît de plus en plus pratiquée en métropole (+ 12 points entre 2010 et 2014), à Mayotte (+ 7 points) et en Polynésie Française (+9 points), et au contraire plutôt en diminution aux Antilles (-4 points) et en Nouvelle Calédonie (-5 points). Les Antillais et les Polynésiens semblent consommer de plus en plus de produits de la mer, alors que chez les habitants de Mayotte, de Nouvelle Calédonie et les métropolitains, une tendance à la diminution semble s’amorcer.
Perception relative à la protection de la mer et aux activités économiques
Connaissance des outils de protection nationaux et locaux
Il existe différents types d’outils de protection localisée du milieu marin et du littoral :
- des documents d’urbanisme sur le littoral (avec la loi « Littoral » notamment) ;
- des outils juridiques variés pour la préservation du milieu naturel, notamment marin :
- les zones de protection au titre des conventions internationales (en particulier les conventions des mers régionales OSPAR, Barcelone…) ;
- les zones de protection réglementaire (parcs nationaux, réserves naturelles, arrêtés préfectoraux de protection de biotope, parcs naturels marins …) ;
- les zones de protection contractuelle au titre de Directives européennes (réseau Natura 2000 constitué des zones de protection spéciale (ZPS) de la Directive « Oiseaux » et des sites d’intérêt communautaires (SIC) et zones spéciales de conservation de la Directive « Habitat, Faune, Flore ») ;
- les zones de protection spécifique (International Coral Reef Initiative, initiative française pour les récifs coralliens - IFRECOR).
Les Français ont été interrogés sur leur connaissance de trois de ces dispositifs : la loi « Littoral », les aires marines protégées et les sites Natura 2000.
Dans les collectivités d’outre-mer ainsi que dans d’autres territoires ultramarins, la compétence environnementale est locale. L’application des lois nationales n’y est ainsi pas systématique et est laissée à l’appréciation des autorités locales. Parmi les trois dispositifs proposés dans le sondage, il convient de préciser que la loi « Littoral » n’est pas appliquée en Nouvelle Calédonie et en Polynésie Française et que le réseau européen de sites Natura 2000 ne concerne que la France métropolitaine.
La loi « Littoral », mise en place en 1986, est l’outil le mieux connu des Français de métropole (par les deux tiers d’entre eux), alors que les aires marines protégées arrivent en première position dans les territoires d’outre-mer. Le réseau de sites Natura 2000, réseau européen dédié à la préservation de la biodiversité terrestre et marine en métropole, est le moins bien connu (par 42 % des métropolitains), notamment par les populations ultramarines qui ne sont pas concernées (entre 15 et 25 %).
Les populations ultramarines ont également été sondées sur la notoriété d’aires marines protégées sur leur territoire. Ces dispositifs sont bien connus, par au moins la moitié de ces populations locales :
- Le Parc naturel marin de Mayotte, créé en 2010, bénéficie d’une très grande notoriété, avec 90 % des habitants de l’archipel déclarant en avoir déjà entendu parler ; cette proportion était de 82% en 2010.
- La moitié des habitants de Nouvelle-Calédonie indiquent connaitre le tout récent Parc naturel de la mer de corail (créé en avril 2014), plus grande aire marine protégée française.
- Environ la moitié des habitants de l’arc antillais disent avoir déjà entendu parler du projet de Parc Naturel Marin en Martinique, à l’étude depuis avril 2012 (56 % des Martiniquais et 36 % des Guadeloupéens).
- Enfin, la même proportion des habitants de Polynésie française (53 %) sait que le patrimoine naturel exceptionnel de l’archipel est protégé par des plans de gestion des espaces marins ou sont classés en réserves de biosphère, reconnues internationalement.
Opinions sur la protection du milieu marin
Perceptions et attentes à l’égard des actions des pouvoirs publics en matière de protection de l’environnement marin
L’opinion des Français sur l’action des pouvoirs publics est critique. Seule une minorité d’entre eux (de 6 % en métropole à 17 % en Nouvelle Calédonie) juge que ces derniers prennent des mesures appropriées. Environ 60 % de la population estiment que les pouvoirs publics prennent des mesures mais qui ne sont pas suffisantes et environ un quart pense que les autorités n’agissent pas pour la protection de la mer, ou de façon inappropriée.
Au vu de l’évolution des réponses à cette question en métropole, le jugement de la population à l’égard des actions des autorités publiques pour la protection de l’environnement marin semble très dépendant du contexte socio-économique et politique , et aucune tendance ne se dégage vraiment. Ainsi, si par rapport à 2010, l’opinion des Français de métropole semble moins sévère avec une diminution de la proportion de personnes jugeant que les autorités ne prennent pas de mesures ou des mesures inappropriées, cette proportion est au contraire en augmentation par rapport à 2009 ou à 2012.
Jugement à l’égard de l’exploitation du milieu marin
Les Français ont été interrogés quant à leur point de vue concernant l’équilibre à trouver entre le développement d’activités humaines et la protection de la mer. D’une manière générale, la grande majorité d’entre eux opte pour un scénario équilibré (scénario de « développement durable ») entre le développement d’activités humaines et la protection du milieu marin. Cependant, l’évolution de l’opinion de la population à l’égard des activités en mer est contrastée selon les territoires. Ainsi, la proportion de personnes partageant le scénario de développement durable est en diminution en métropole et en Polynésie française par rapport à 2010 et en augmentation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.
La part de la population favorable à une protection stricte du milieu et à la réduction significative des activités humaines atteint environ 20 % en 2014, et elle est en nette augmentation en Polynésie française. À l’autre extrémité, une plus faible part des Français juge qu’il faut d’abord protéger les secteurs économiques liés à la mer avant de protéger la mer (proportion en augmentation par rapport à 2010 en métropole, en diminution à Mayotte).
Volonté de protection accrue
Les Français se montrent critiques à l’égard de l’action des pouvoirs publics en matière de protection du milieu marin. Ils estiment qu’il faut développer des activités humaines plus respectueuses de l’environnement et souhaitent donc la création d’espaces protégés supplémentaires. En 2014, ils sont neuf sur dix à penser qu’il est nécessaire de créer de nouvelles aires marines protégées.
En outre, la population est favorable à une protection accrue et pense que celle-ci peut être bénéfique pour le développement économique des communes concernées et générer des emplois. Cette volonté de protection accrue est forte et partagée par l’ensemble des territoires sondés (90 % et plus des personnes interrogées).
Création de nouvelles AMP | Développement du tourisme | Développement de l'emploi | |
---|---|---|---|
Métropole | 87 % | 86 % | 90 % |
Antilles | 87 % | 92 % | 92 % |
Mayotte | 88% | 94% | 90% |
Nouvelle-Calédonie | 82 % | 91 % | 95 % |
Polynésie française | 96 % | 92 % | 92 % |
Méthodologie
Le programme d’étude « les Français et la mer » repose sur des enquêtes menées par l’institut de sondage IFOP en 2010 et en 2014, et par la société LH2 en 2011 et 2012.
Ces enquêtes ont été réalisées par téléphone (ligne fixe ou portable), auprès d’échantillons représentatifs des populations ciblées. En 2010, la métropole a fait l’objet d’une technique de sondage différente, les personnes ayant répondu au questionnaire sur le site internet de l’institut de sondage. Pour l’ensemble des sondages, la représentativité des échantillons était assurée par la méthode des quotas, les caractéristiques retenues étant le sexe, l’âge et la profession du chef de famille, après stratification par région administrative ou zone de résidence pour l’outre-mer et par catégorie d’agglomération. Le tableau ci-dessous présente les caractéristiques des échantillons des différents sondages utilisés pour cette fiche.
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