Les océans pourraient séquestrer jusqu’à 15 gigatonnes (Gt) de carbone par an, selon une nouvelle étude internationale. Cette capacité de stockage était jusqu’ici estimée à 11 Gt/an. Le rôle majeur du plancton dans le stockage du carbone expliquerait cette réévaluation.
L’équipe de chercheurs à l’origine de cette nouvelle évaluation s’est penchée sur plusieurs décennies de données, collectées dans tous les océans du globe et à toutes les profondeurs. Elle souhaitait analyser en détail le fonctionnement de ce puits de carbone naturel, qui a très probablement absorbé 20 à 30 % des émissions anthropiques totales de CO2 depuis 1980. Au cœur de son étude : le rôle du plancton.
Une puissante pompe biologique à carbone
De la même manière que les plantes, les micro-organismes qui composent le plancton capturent le CO2 atmosphérique et le transforment en tissus organiques. Puis, quand ils meurent, ils se décomposent en particules qui, plus denses que l’eau de mer, coulent vers les fonds marins, tels des flocons de neige. On parle d’ailleurs de « neige marine ». C’est ainsi que le carbone capté en surface se retrouve piégé dans les profondeurs.
Le phénomène était déjà connu. Mais, en cartographiant les flux de matières organiques qui en résultent, partout dans le monde, l’équipe a pu réévaluer la capacité de stockage des océans à 15 Gt de carbone par an. Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’estimait jusqu’ici à 11 Gt/an.
Des puits de carbone efficaces, mais vulnérables
Si ce résultat renforce l’importance du rôle de l‘océan dans la régulation du climat, il ne change en rien les efforts à fournir pour lutter contre le changement climatique. Les chercheurs rappellent en effet que cette capacité de stockage, bien que plus élevée qu’on ne le pensait, ne suffit pas à compenser l’augmentation exponentielle de nos émissions. De plus, sensible aux températures, la pompe pourrait s’affaiblir avec le réchauffement de l’océan.