Le tourisme mondial a été fortement touché par la crise sanitaire à partir du début de l’année 2020. Durant cette longue période de limitation, voire d’interruption, des voyages et avant qu’une reprise ne se confirme, tous les acteurs concernés - consommateurs, professionnels et collectivités - ont pu être incités à repenser les pratiques et les modèles structurant le tourisme au cours des dernières décennies. Avec une préoccupation majeure : comment voyager dans le monde de demain en respectant davantage l’environnement et en veillant à de meilleurs équilibres économiques et sociaux ? C’est tout l’enjeu du tourisme durable, sujet de ce premier numéro de la collection Les Essentiels de notre-environnement.
De quoi s’agit-il ?
Le tourisme durable est un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux, actuels et futurs, répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels de l’environnement et des communautés d’accueil (Organisation mondiale du tourisme - OMT).
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Le plan de relance crée en 2021 et 2022 un Fonds pour le tourisme durable doté de 50 millions d’euros et destiné en priorité aux territoires ruraux. Il est piloté par l’Agence de la transition écologique (ADEME).
Pas facile d’être touriste !
Pour beaucoup, les vraies vacances, c’est partir ! Et partir loin, car la croyance générale semble être que plus le nombre de kilomètres parcourus est important, plus les vacances sont réussies. Pourquoi ? Bonne question.
Souhaiter faire du tourisme amène parfois à se poser des questions délicates.
Découvrir des destinations rêvées... malgré le poids carbone important d’un déplacement en avion.
Skier... sur de la neige de culture à cause du réchauffement climatique qui réduit la neige dans la station.
Enfin, Venise !... sur-fréquentée par des touristes qui perturbent grandement la vie des habitants.
Pourquoi le tourisme doit-il être "durable" ?
Avec 1,5 milliard de déplacements internationaux en 2019, auxquels il faut ajouter les centaines de millions de touristes se déplaçant à l’intérieur de leurs frontières, le tourisme a des impacts très importants en matière de développement durable.
Mais plus que le tourisme en lui-même, c’est sa massification qui désormais crée de fortes inquiétudes. La croissance du tourisme mondial a en effet été considérable ces dernières décennies (+ 133 % en 20 ans). 1,8 milliard de touristes internationaux sont prévus en 2030 par l’Organisation mondiale du tourisme. Le secteur a bénéficié de l’essor de la mondialisation et des progrès technologiques qui ont rendu plus accessible le voyage : baisse des prix des billets d’avion, organisation des vacances facilitée par Internet, développement de services issus de l’économie collaborative pour l’hébergement…
Globalement, et avant la crise de la Covid-19 depuis la fin 2019, l’accroissement des revenus des classes moyennes dans le monde a entraîné une hausse de 3 à 4 % par an du nombre de touristes internationaux sur la planète, encore davantage si on ajoute le tourisme intérieur, massif par exemple aux États-Unis et en Chine.
Le tourisme analysé selon les 17 objectifs du développement durable du millénaire de l’Organisation des Nations Unies :
Le tourisme a des impacts négatifs sur l’environnement, d’autant que 95 % des touristes se concentrent sur 5 % des espaces dans le monde, en privilégiant souvent les mêmes périodes de l’année, avec une prédilection pour les sites naturels (en premier lieu, les zones littorales). Ainsi, l’empreinte carbone du tourisme est impressionnante : il est responsable d’environ 8 % du total des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité, dont les trois quarts pour les seuls transports.
Par ailleurs, le tourisme est, dans certaines zones très fréquentées, fortement consommateur de ressources naturelles : énergie, eau, alimentation, matières premières. Il exerce une pression sur les écosystèmes, notamment sur les plus fragiles. Il génère des polluants et des déchets. Ainsi, en France, dans les communes les plus touristiques, on observe jusqu’à + 211 % de consommation annuelle d’eau, + 287 % de consommation annuelle d’énergie et + 27 % de production de déchets par rapport à la moyenne nationale.
À ces impacts environnementaux viennent s’ajouter, en raison de la forte augmentation mondiale du nombre de touristes, des phénomènes d’inflation des prix du logement et de l’alimentation, mais aussi d’appauvrissement des cultures et des patrimoines locaux par la « mondialisation » des sociétés.
Heureusement, le tourisme a aussi de nombreux impacts positifs : création de millions d’emplois directs dans les pays visités, consommation de produits locaux qui font vivre producteurs et commerçants, ouverture et échanges entre cultures…
Dans le même temps, le tourisme subit, par ricochet, l’influence de phénomènes planétaires, ce qui l’oblige à s’adapter. Le changement climatique réduit la ressource en neige dans les stations de ski, effrite les roches des massifs glaciaires, fait monter le niveau des mers, avec des risques pour les hébergements et les installations touristiques (des centaines de campings sont déjà menacés sur le littoral français), affecte les Antilles de la pollution des algues sargasses, crée des risques pour la santé pendant les épisodes caniculaires, notamment dans les zones géographiques les plus chaudes et en ville. La réduction de la biodiversité et l’acidification des océans fragilisent d’ores et déjà des activités comme la plongée sous-marine. De plus, la raréfaction des ressources en eau affectera les conditions d’accueil (piscines, jardins, voire disponibilité d’une eau courante de bonne qualité).
Face aux inquiétudes que suscitent les atteintes à l’environnement sur la planète, les attentes de la clientèle touristique évoluent et l’offre des professionnels du tourisme doit y répondre.