Déchets alimentaires : qui gaspille le plus ?

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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En 2021, les Français ont généré 8,8 millions de tonnes de déchets alimentaires, soit 129 kg par habitant. Pratiquement la moitié de ces déchets étaient comestibles… on a donc gaspillé 4,3 millions de tonnes de nourriture, soit 63 kilos par habitant.

Qu’est-ce qu’on compte comme « déchets alimentaires » à chaque étape de la chaîne de l’alimentation humaine ? Que gaspille-t-on vraiment ? Qui gaspille le plus ?

Chrystel Scribe, qui travaille sur le sujet au service des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, répond à ces questions dans un podcast. Elle nous explique la différence entre déchets alimentaires et gaspillage de nourriture et nous apprend que :

  • la définition des déchets alimentaires est la même pour tous les pays d’Europe et qu’ils sont comptés à toutes les étapes de la chaîne alimentaire depuis la production par le secteur agricole, en passant par la fabrication par les industries agro-alimentaires, la distribution dans les commerces, jusqu’à la consommation à la maison, dans les restaurants ou les cantines ;
  • ce sont les ménages, à l’étape de la consommation à domicile qui gaspillent le plus de nourriture. Ils sont responsables de 39 % du gaspillage alimentaire ;
  • 80 % du gaspillage des ménages est constitué de restes de repas et 20 % de produits encore emballés.
    Parce que le gaspillage alimentaire c’est l’affaire de tous, retrouvez aussi dans le podcast des conseils pour réduire le gaspillage à la maison !

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Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de « Notre environnement monte le son », le podcast du site « Notre environnement », site qui rassemble les informations utiles sur l’environnement et le développement durable. Alors, que représentent les déchets alimentaires en France aujourd’hui, que gaspillons-nous, qui gaspille le plus ou encore comment réduire le gaspillage de nourriture ? autant de questions auxquelles Chrystel Scribe du Commissariat général au développement durable va répondre.

Annick de Chenay : Bonjour, Chrystel Scribe, vous êtes statisticienne au ministère de la Transition écologique depuis 6 ans et vous êtes en charge des déchets et de l’économie circulaire. Mais plus particulièrement ?

Chrystel Scribe : Je travaille notamment sur la question des déchets alimentaires. Ma principale activité est de répondre aux sollicitations d’Eurostat, qui est l’office statistique de l’Union européenne, et qui demande régulièrement aux Etats membres de lui fournir des données pour pouvoir faire des comparaisons entre les pays. C’est dans ce cadre-là, que les données relatives aux déchets alimentaires dont nous allons parler ont été calculées.

Annick de Chenay : Qu’est-ce que l’on entend par « déchets alimentaires » ?

Chrystel Scribe : La définition des déchets alimentaires est donc la même pour tous les pays d’Europe. La première chose à bien comprendre c’est que les déchets alimentaires ne concernent que l’alimentation humaine : donc tout ce qui est produit pour la nourriture des animaux n’est pas comptabilisé. Ensuite, on commence à compter à partir du moment où les denrées sont récoltées : donc tout ce qui est laissé sur le champ, que ce soit pour des raisons de météo, ou parce qu’une moissonneuse batteuse a été mal réglée, n’est pas compté dans les déchets.
Il est aussi important de noter que les déchets alimentaires comprennent des parties comestibles et des parties non comestibles comme les coquilles d’œufs, les os, les peaux de certains fruits ou légumes.
Bien sûr, les denrées encore consommables, qui sont redistribuées, notamment via le don, en vue de la consommation humaine ou animale ne sont pas considérées comme des déchets.

Annick de Chenay : Ce qui veut dire que les déchets alimentaires sont comptabilisés dès la production ?

Chrystel Scribe : Dans le cadre de la demande d’Eurostat, ils ont été estimés à chaque étape de la chaine alimentaire, c’est-à-dire lors de leur production par le secteur agricole, lors de la fabrication par les industries agro-alimentaires, au moment de la distribution dans les commerces, et enfin lors de la consommation que ce soit dans les restaurants, cantines ou à domicile.
Ces données sont récentes, elles sont seulement calculées depuis l’année 2020 et les dernières données dont nous disposons sont celles de 2021.

Annick de Chenay : D’accord pour les déchets et maintenant qu’est-ce que le gaspillage alimentaire ?

Chrystel Scribe : Alors le gaspillage alimentaire est un sous-ensemble des déchets alimentaires. Il s’agit de la partie comestible des déchets alimentaires, c’est-à-dire que l’on ne comptabilise plus les os, les épluchures, les arrêtes des poissons etc. Evidemment, nous sommes bien conscients que cette définition peut être sujette à caution car certaines personnes vont jeter des épluchures quand d’autres vont en faire des chips par exemple. Mais il faut bien trouver un moyen simple de différencier les déchets alimentaires du gaspillage, et pouvoir le faire à chaque étape de la chaine alimentaire, de la production agricole à la consommation par les ménages.

Annick de Chenay : Maintenant si on parle en volume, que représentent les déchets alimentaires et le gaspillage alimentaire ?

Chrystel Scribe : En 2021, 8,8 millions de tonnes de déchets alimentaires qui ont été produits par les Français. Cela représente 129 kg par habitant, ce qui est un peu en dessous de la moyenne européenne de 130 kg/habitant. Pratiquement la moitié sont des déchets comestibles, donc assimilés à du gaspillage alimentaire. Celui-ci s’élève en France à 4,3 millions de tonnes soit 63 kilos par habitant et par an.

Annick de Chenay : Ces données qui viennent d’être publiées sur le site Internet du service des données et études statistiques du ministère de la transition écologique. Qui gaspille le plus ?

Chrystel Scribe : Ce sont les ménages. Ils sont responsables de 39 % du gaspillage alimentaire, soit 25 kg par personne. 80 % du gaspillage des ménages est constitué de restes de repas et 20 % de produits encore emballés.
La deuxième source de gaspillage la plus importante c’est la production agricole, avec 22 % du gaspillage. Cela représente 0,6 % de la production agricole française et c’est très dépendant du type de produit récolté. Les cultures qui génèrent le plus de gaspillage par rapport à la production sont les pommes de terre, les fruits et les légumes. L’élevage et la production de céréales, de protéagineux ou d’oléagineux par exemple sont beaucoup moins sources de pertes.
Viennent ensuite les étapes de la consommation hors domicile et de la fabrication par les industries agroalimentaires. Et en dernier lieu c’est à l’étape de la distribution que le gaspillage alimentaire est le moins important.

Annick de Chenay : Une étape qui représente 12 % du gaspillage total. Alors une question cruciale : comment réduire le gaspillage de nourriture ?

Chrystel Scribe : Le gaspillage alimentaire, c’est l’affaire de tous.
La loi interdit la destruction d’aliments encore consommables pour les distributeurs et les grosses entreprises agro-alimentaires et de restauration collective. Ces mêmes entreprises ont également l’obligation de proposer des conventions de dons aux associations d’aide alimentaire.
En tant que citoyen, on peut, si on ne finit pas son assiette au restaurant, demander à emporter ses restes : le restaurateur est dans l’obligation de le faire.
On peut également utiliser des applications qui permettent d’acheter les invendus aux commerçants en fin de journée.

Annick de Chenay : On comprend qu’il y a plusieurs solutions qui sont mises en place pour réduire le gaspillage alimentaire. Pour aller plus loin, je vous propose d’aller sur le site Notre-environnement où on retrouve d’autres conseils de l’Ademe (Agence de la transition écologique) à appliquer à la maison. Par exemple, chez soi, on peut faire une liste de courses pour acheter juste ce dont on a besoin, en ayant préalablement fait l’inventaire des stocks à la maison.
On peut également faire attention aux dates indiquées sur les produits, sans confondre la date limite de consommation, avec la date d’utilisation optimum. La date limite de consommation est indiquée comme « à consommer jusqu’au » Elle indique que les aliments ne doivent pas être consommés au-delà de cette date. La date d’utilisation optimum est indiquée comme « à consommer de préférence avant … ». Cette date signifie que les aliments seront meilleurs avant cette date limite de conservation. Mais après cette date, les aliments sont toujours comestibles. Ils pourront avoir perdu de la texture et de la saveur, mais ne seront pas dangereux pour la santé. Beaucoup d’aliments encore comestibles sont jetés à cause d’une mauvaise compréhension de ces dates.
Une autre façon de limiter le gaspillage est de cuisiner les restes pour faire autre chose ou les congeler pour les manger plus tard. Tous ces gestes sont à la fois bons pour la planète et notre porte-monnaie !
Merci Chrystel Scribe d’avoir accepté de participer à cet entretien.
À bientôt pour un prochain épisode !

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