L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et l’université de Lausanne ont élaboré un nouveau modèle pour prédire la disparition des espèces. Si les chiffres sont revus à la baisse, les inquiétudes restent toujours aussi élevées.
Les prédictions tirées de modèles statistiques traditionnels évaluent à 54 % le taux de diminution de la diversité des espèces terrestres en zone tropicale d’ici à 2041-2060. Un nouveau modèle, développé par des chercheurs de l’Ifremer et l’université de Lausanne, relativise cette prédiction, en évaluant cette diminution à 39 %. Appliqué à 25 000 espèces animales et végétales du monde entier, le modèle a été croisé avec les scénarios d’évolution climatique du GIEC.
La préadaptation des espèces
L’originalité du modèle tient à la prise en compte d’un nouveau critère : celui de la préadaptation. Ainsi, les espèces ayant évolué il y a 130 000 ans, durant l’ère interglaciaire marquée par des températures plus élevées, pourraient particulièrement bien résister aux nouvelles conditions climatiques. L’étude, publiée dans la revue Nature Ecology and Evolution, révèle ainsi que 86 % des espèces examinées pourraient avoir une niche climatique supérieure aux limites climatiques actuelles.
Des chiffres qui restent alarmants
Si les nouveaux chiffres obtenus nuancent les prédictions précédentes, ils restent suffisamment élevés pour confirmer les inquiétudes. Dans les zones tempérées et les régions froides, les estimations restent valides. Surtout, cette étude, limitée au seul critère climatique, témoigne du besoin d’affiner les modèles de prédiction par un point de vue plus global, incluant par exemple la perte d’habitat, la pollution, la surexploitation et les invasions biologiques. De ce point de vue, les risques de disparition d’espèces pourraient être beaucoup plus élevés.