Le Rapport sur l’état de l’océan 2024 de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), résultat du travail de plus de 100 scientifiques de 28 pays, dresse un constat sans appel : les menaces qui pèsent sur les océans sont plus lourdes que jamais.
Phénomène le plus manifestement observable, le réchauffement des eaux marines a doublé en 20 ans, relate le rapport, atteignant + 1,45 °C depuis l’ère industrielle, alors même que l’Accord de Paris avait placé l’objectif limite global à 2 °C. Dans certaines zones (mer Méditerranée, océan Atlantique tropical, océan Austral), la barre des 2 °C a déjà été franchie. Conséquence : sur les 30 dernières années, le taux d’élévation du niveau de la mer a doublé pour atteindre 9 cm.
Baisse des niveaux d’oxygène et acidification
Ce réchauffement des eaux, couplé à la présence de polluants industriels (azote) et du ruissellement des eaux agricoles riches en nitrates, provoque une baisse de 2 % des taux d’oxygène dans l’eau depuis 1960. Dans les zones côtières, 500 zones mortes, où le taux d’oxygène devient trop faible pour rendre le milieu viable, ont été dénombrées.
En parallèle, la surabondance de CO2 induit une acidification toujours plus prégnante des océans. Depuis l’ère préindustrielle, l’acidité a augmenté de 30 %, et une hausse de 170 % est à prévoir à l’horizon 2100. Si l’augmentation est constante en haute mer, les eaux côtières subissent quant à elles de fortes variations aléatoires, entraînant l’extinction massive de jeunes générations animales et végétales.
De nouveaux espoirs ?
Proclamée « décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable » par l’ONU (Organisation des Nations Unies), la décennie 2021-2030 s’avère décisive dans la protection de la biodiversité et de la qualité des eaux marines. Pour cette raison, l’UNESCO a initié plus de 500 projets et investi plus d’un milliard de dollars dans la connaissance et la protection des océans. Solutions innovantes, cartographie des fonds marins, partage de données, prévention des catastrophes naturelles… En outre, les aires marines protégées (AMP), abritant 72 % des 1 500 espèces menacées listées par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), se développent. À cela s’ajoutent 230 réserves biosphère marine et plus de 50 sites marins inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Par exemple, les forêts marines (mangroves, herbiers marins, marais tidaux), capables d’absorber jusqu’à cinq fois plus de carbone que les forêts terrestres, fournissent une aide précieuse dans la lutte contre le réchauffement des eaux marines.