Les insecticides, comme les néonicotinoïdes utilisés pour la protection des cultures, ne sont pas les seuls responsables du déclin des abeilles. Les métaux lourds ont aussi un effet néfaste sur leurs cerveaux.
La disparition avérée des abeilles menace l’ensemble de la chaîne alimentaire. En pollinisant les plantes à fleurs, les butineuses assurent la reproduction de nombreuses espèces végétales. Près de 40 % de notre nourriture dépend ainsi de leur action : sans les abeilles, il n’y a pas de fruits, de légumes et de céréales. Pour éviter d’en arriver là, la communauté scientifique s’évertue à identifier les causes du ravage des essaims.
Perte d’odorat
En installant des ruches sur le site d’une ancienne mine d’or, pollué au plomb et à l’arsenic, une équipe de recherche du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) vient de montrer que ces métaux lourds affectent la capacité des insectes à mémoriser des odeurs. Un apprentissage pourtant essentiel, car il permet aux abeilles de s’adapter aux variations de floraison au cours de la saison en détectant le moment où telles fleurs produisent le plus de pollen et de nectar. Si elles en sont moins capables, l’approvisionnement de la ruche est compromis, mettant en péril la survie de la colonie.
Développement neurologique anormal
Les scientifiques ont également observé que les antennes des abeilles, qui leur servent à capter les odeurs, étaient atrophiées chez les insectes contaminés, comparés aux individus sains, ce qui révèle des problèmes de développement neurologique.
Afin de mieux identifier les mécanismes d’action des métaux lourds sur le cerveau des abeilles, les chercheurs vont, dans un second temps, mettre à l’épreuve les capacités d’apprentissage visuel des butineuses. Leur mémoire spatiale sera testée dans un labyrinthe en pleine nature, disposé sur le site de Fukushima, au Japon, pour également évaluer les effets de la radioactivité sur les abeilles.