Podcast

Télétravail : combien de tonnes de CO2 évitées ?

Mis à jour le | Commissariat Général au Développement Durable

Partager la page

Plus on télétravaille, plus on diminue les émissions de CO2 liées à nos déplacements domicile-travail. Une journée de télétravail c’est en moyenne 4,5 kg de CO2 évités. Quelles seraient les bénéfices pour le climat si le télétravail s’amplifiait ? Réponse en 7 minutes dans le dernier podcast « notre-environnement monte le son ! ».

Quel est le profil d’un télétravailleur et le potentiel de développement du télétravail ?

Marianne Bléhaut du CRÉDOC (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) explique que 4 critères caractérisent actuellement les télétravailleurs : l’âge (en particulier les mois de 35 ans), le niveau de diplôme (bac +3), la profession exercée (cadres, artisans commerçants ou chefs d’entreprises télétravaillent plus que les autres professions) et enfin la géographie (plus de télétravail dans les grandes villes).
Actuellement 3 actifs sur 10 télétravaillent. 4 actifs sur 10 jugent que leur poste se prête au télétravail et 5 actifs sur 10 souhaiteraient pouvoir télétravailler ou télétravailler davantage.

Des scénarios d’accentuation du télétravail pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Chaque déplacement motorisé évité est bénéfique pour le climat.
Stéphane Taska du Commissariat général au développement durable explique que, selon le mode de calcul adopté, le développement du télétravail est plus intéressant pour les personnes qui prennent habituellement la voiture pour aller travailler. Chez les télétravailleurs actuels, ils sont ⅔ à utiliser la voiture thermique lorsqu’ils se rendent sur site, ils parcourent en moyenne 40 km et émettent 6,5 kg de CO2.
On imagine donc que l’accentuation du télétravail chez ces personnes ou la mise en place du télétravail pour ceux qui utilisent ce mode de transport peut contribuer à répondre à l’enjeu climatique…
Découvrez quel serait l’impact d’un scénario « idéal » de développement du télétravail dans ce podcast à deux voix…

Flux RSS | Lire sur Spotify | Lire sur Deezer | Lire sur Amazon Music | Lire sur Podcast addict

Annick de Chenay : Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de « Notre environnement monte le son », le podcast du site « Notre environnement ». Ce site rassemble les informations utiles sur l’environnement et le développement durable. Il vous donne aussi des conseils pratiques. Aujourd’hui, nous allons parler du télétravail et de l’impact des trajets domicile-travail sur les émissions de CO2. Nous recevons Marianne Blehaut et Stéphane Taszka. Marianne Blehaut, vous êtes Directrice du pôle Data et économie au CREDOC, le centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie. Stéphane Taszka, vous travaillez au Commissariat général au développement durable au sein du Ministère de la transition écologique. Depuis le Covid, le télétravail s’est développé. Vous disposez d’une étude récente qui permet de mesurer avec précision le gain des émissions de CO2 grâce au télétravail. D’abord, rappelons une évidence : plus on télétravaille, plus on réduit ses déplacements domicile-travail et donc plus on diminue les émissions de CO2 liées à nos déplacements. Stéphane Taszka, quels sont les objectifs de cette étude ?

Stéphane Taszka : On sait que 4 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à nos déplacements domicile-travail. On sait également que 28 % des Français sont télétravailleurs : on imagine donc que le développement du télétravail peut avoir un impact positif sur le climat. C’est l’enjeu de cette étude dont les objectifs sont :

  • Comme vous venez de le dire Annick, le premier objectif : D’abord de mesurer l’impact du télétravail sur le climat à travers les émissions de GES évitées
  • C’est aussi, Mais aussi de déterminer le potentiel de télétravail en France.
  • Et enfin, la poursuite de ces deux objectifs nous permet d’imaginer des scénarios autour de l’augmentation du télétravail et de projeter les effets bénéfiques pour le climat.

Annick de Chenay : donc actuellement 1 Français sur 4 télétravaille. Marianne Blehaut, quel est le profil des Français qui télétravaillent ?

Marianne Blehaut : En effet, tous les actifs ne télétravaillent pas, on peut reconnaitre un télétravailleur à travers 4 aspects principaux.

  • L’âge, puisque les plus jeunes sont plus souvent télétravailleurs que leurs aînés, en particulier les moins de 35 ans ;
  • Le niveau de diplôme, avec une pratique du télétravail qui concerne presque une personne sur deux parmi les titulaires d’un bac +3 ;
  • Le type de profession exercé, les cadres mais aussi les artisans, commerçants ou chefs d’entreprise télétravaillent plus souvent que les autres professions. Cet écart est lié à la possibilité pratique de télétravailler, puisque certaines professions comme les métiers de la santé, de l’enseignement ou de l’industrie ne s’y prêtent pas.
  • La géographie, avec un taux de télétravail plus élevé dans les grandes villes.

Annick de Chenay : Ok on a le profil du télétravailleur, revenons à l’étude, vous avez pu mesurer la réduction des émissions de CO2 grâce au télétravail ?

Stéphane Taszka : On estime en moyenne à 4,5 kg la quantité de CO2 non émise pour une journée télétravaillée.

Cette estimation porte sur les déplacements évités sans tenir compte de possibles effets rebonds (notamment les émissions des consommations d’énergie à la maison ou des déplacements non professionnels…).

Cette moyenne à 4,5 kg recouvre des cas qui peuvent être très différents. On remarque par exemple que les télétravailleurs qui utilisent la voiture quand ils se déplacent sur leur site de travail émettent 6,5 kg de CO2 contre seulement 1,5 kg de CO2 pour un déplacement en transport en commun.

Ce calcul prend en compte tous les déplacements domicile-travail effectués dans une journée même si la grande majorité ne font qu’un seul trajet par jour (plus de 80 % des cas).

On peut donc affirmer que dès qu’on évite un déplacement motorisé il y a un gain en matière d’émission de CO2. Les gains sont les plus importants quand la personne qui télétravaille utilise habituellement sa voiture. Ces personnes représentent ⅔ des télétravailleurs et parcourent en moyenne 40 km par jour.

Pour le ⅓ des télétravailleurs qui utilise les transports en commun, les gains pour le climat sont moins importants.
On peut également mentionner que 2 à 3 % des télétravailleurs utilisent de modes de déplacement comme la marche le vélo ou la trottinette, des modes de transport qui n’impactent pas le climat.

Annick de Chenay : Dans les années à venir, quelle pourrait être l’augmentation du taux de télétravail ? Dans quelle mesure, Marianne Blehaut, les actifs aimeraient-ils télétravailler davantage ?

Marianne Blehaut : Presque un actif sur deux a le souhait de télétravailler, bien plus que ceux qui le font effectivement. Pour toutes les catégories de population étudiées, on observe un écart entre ceux qui télétravaillent effectivement et ceux qui souhaiteraient le faire. Par exemple, parmi les moins de 35 ans qui télétravaillent plus que la moyenne, le souhait de télétravailler s’élève à 6 personnes sur 10, chez les cadres à 7 personnes sur 10.

Sur cette question de la profession, le souhait de télétravailler est particulièrement élevé pour les employés (5 sur 10), alors que seulement 2 sur 10 d’entre eux le pratiquent.

Pour une partie d’entre eux, cela peut être lié à une impossibilité pratique liée à leur poste, par exemple s’ils sont en contact avec du public, s’ils travaillent en magasin ou dans le secteur de la santé. La possibilité de télétravailler est donc elle aussi différente selon les professions. 32 % des employés jugent que leur emploi pourrait faire l’objet de télétravail, deux fois plus que parmi les ouvriers.

En moyenne, 38 % des actifs estiment que leur emploi pourrait être exercé au moins en partie en télétravail.

En définitive, 3 actifs sur 10 télétravaillent, 4 sur 10 estiment qu’ils pourraient télétravailler davantage et 5 sur 10 souhaiteraient le faire.

Annick de Chenay : dans votre étude, vous avez imaginez deux scénarios d’augmentation du télétravail. Le premier scénario « réaliste » correspond à une augmentation d’un jour de télétravail par semaine pour les actifs qui le pratique déjà. Le second scénario plus « idéal » tient compte des envies des personnes par rapport au télétravail. Dans les deux scénarios, vous avez mesuré l’impact sur la réduction des émissions de CO2 ? Pouvez-vous nous en parler ?

Stéphane Taszka : Oui effectivement

Dans le premier scénario, on ajoute une journée de télétravail par semaine pour les actifs qui pratiquent déjà le télétravail, quand cela est possible et quelles que soient leurs préférences en la matière. Concrètement, ce scénario aboutirait à une augmentation moyenne du télétravail d’un jour par semaine pour un actif en emploi sur dix. Dans ce cas, les émissions de CO2 liées aux déplacements domicile-travail seraient réduites de 2 %.

Dans le second scénario, tous les actifs en emploi, qu’ils soient actuellement télétravailleurs ou non, télétravailleraient au niveau qu’ils souhaitent. Ce rythme « idéal » correspondrait à une augmentation du télétravail de l’ordre d’un jour par semaine pour un actif sur deux et les gains seraient plus importants avec une baisse des émissions de CO2 d’environ 10 %.

Il faut toutefois garder à l’esprit que ce scénario est moins réalisable, en tout cas à court terme, car il suppose de permettre à des personnes qui ne télétravaillent pas de commencer à le faire.

Annick de Chenay : Alors, quel serait le scénario idéal pour le climat ?

Stéphane Taszka : Eh bien ce serait un scénario dans lequel tous les actifs pour lesquels les postes sont télétravaillables pourraient télétravailler selon leurs souhaits, même ceux qui ne télétravaillent pas actuellement. Évidemment permettre à des personnes qui ne télétravaillent pas encore de télétravailler, notamment celles qui utilisent leur voiture thermique pour se déplacer permettrait d’obtenir des gains plus conséquents.

Extro
Annick de Chenay : Et bien sûr, tous les trajets évités comptent, même ceux réalisés en transport en commun.

Merci Marianne Blehaut et Stéphane Taszka d’avoir accepté de participer à cet entretien. On retient qu’on peut aujourd’hui mesurer avec précision les émissions de CO2 d’une journée de télétravail par personne par rapport à une journée en présentiel. C’est nouveau. On retient aussi que le télétravail pourrait permettre de réduire jusqu’à 10 % les émissions de CO2 liées aux trajets domicile-travail.

Bien entendu, il n’y a pas que le télétravail pour réduire les émissions de CO2 liées aux trajets entre le domicile et le travail. Il y a d’autres modes de déplacements comme les transports en commun, le co-voiturage, le véhicule électrique si c’est possible, pourquoi pas le vélo, si c’est possible aussi.

À bientôt pour un prochain épisode !

Ressources

Les dernières ressources

Vous pouvez également nous faire part de vos remarques sur notre formulaire de contact