La crise liée à la pandémie de Covid-19 illustre les impacts majeurs que peut avoir l’émergence de nouveaux organismes vivants responsables de maladies, dits pathogènes, dans notre société, sur les plans sanitaire, économique et social. Mais elle soulève également de nombreuses questions sur son origine, sa dynamique et les mécanismes qui l’expliquent. Quels liens existe-t-il entre les atteintes à la biodiversité et aux écosystèmes et les crises sanitaires épidémiques ? Comment éviter les futures pandémies ?
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Le Congrès mondial de la nature qui s’est déroulé à Marseille du 3 au 11 septembre 2021 s’est saisi de cet enjeu à travers trois temps forts :
- Une soirée consacrée à la santé de la biosphère, animale et des écosystèmes et à l’approche « Une seule santé » pour prévenir les pandémies ;
- Un dialogue de haut niveau qui a permis de mettre en avant les initiatives françaises.
- Le vote d’une « motion », texte proposé par la France et affirmant la mobilisation de l’Union internationale de la conservation de la nature et de ses membres autour de l’approche « Une seule santé », pour prévenir les pandémies en préservant les écosystèmes et la biodiversité.
Parties prenantes : ministère de la Transition écologique, Institut de recherche pour le développement (IRD), Programme de travail conjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Convention sur la diversité biologique (CBD), Université de Pretoria, Groupe d’experts de haut niveau One Health (Ohhlep) sous l’égide de OMS-FAO-OIE-PNUE.
Ce sujet sera également à l’ordre du jour de la 15e conférence des parties à la Convention pour la diversité biologique qui se tiendra à Kunming en Chine au cours de l’été 2022.
Au niveau de la recherche, l’initiative internationale PREZODE se poursuit afin de mieux prévenir les épidémies.
De quoi parle-t-on ?
Une épidémie est la propagation rapide d’une maladie à un grand nombre de personnes d’une région donnée. Par exemple, on parle d’épidémie de grippe ou de gastro-entérite. Lorsque cette propagation est à l’échelle de la population d’un continent, voire de la planète, on parle de pandémie. C’est le cas de la peste noire, de la grippe espagnole, etc.
Une épidémie est d’origine infectieuse quand elle est provoquée par une bactérie, un virus, un champignon ou encore un parasite. Si cet agent pathogène se transmet naturellement des animaux vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens, reptiles) à l’Homme, c’est une zoonose. C’est le cas du virus Ebola, par exemple.
Et la Covid-19 ? L’épidémie liée au coronavirus SARS-CoV-2, qui provoque la maladie dite de la « Covid-19 », s’est propagée dans le monde : il s’agit également d’une pandémie, et comme elle a été transmise d’un animal réservoir (vraisemblablement la chauve-souris) à l’Homme, c’est aussi une zoonose.
Les micro-organismes sont donc naturellement présents dans l’environnement. Mais ils jouent aussi un rôle essentiel dans l’équilibre complexe des écosystèmes, et beaucoup sont bénéfiques pour leurs hôtes.
Ce sont les activités humaines qui favorisent un plus grand contact des individus avec les agents pathogènes, augmentant ainsi le risque de contamination, et favorisant l’émergence de pandémies.
Les zoonoses, une vieille histoire
L’existence des maladies infectieuses d’origine animale, ou zoonoses, est connue depuis au moins le Néolithique, période de sédentarisation de l’Homme et de développement de l’agriculture et de l’élevage.
À cette époque, les agents pathogènes présents dans les sols manipulés contaminent directement les agriculteurs, provoquant des maladies comme le tétanos, la tuberculose ou la lèpre. Les animaux commensaux, hôtes habituels des maisons, comme les rats, les souris ou les chauves-souris, apportent également des bactéries comme celle de la peste.
La concentration des animaux d’élevage, issus des troupeaux sauvages, et leur promiscuité avec les éleveurs, facilitent le passage microbien au sein des populations sédentaires.
Comment se fait la transmission ?
La transmission de l’agent pathogène peut se faire de différentes façons :
- lors d’un contact direct entre un animal (réservoir du pathogène, animal sauvage, ou hôte intermédiaire comme les animaux domestiques) et un être humain ;
- par l’intermédiaire de l’environnement, que ce soit par l’eau (bactéries et virus entériques) ou les sols (tétanos, maladie du charbon, etc.) ;
- par la consommation d’aliments d’origine animale contaminés, ou par les déjections animales (salmonelles, toxoplasme, ver parasite comme l’anisakis, etc.) ;
- par l’intermédiaire d’un animal vecteur (moustique, tique, etc.), comme dans le cas de la maladie de Lyme ou du virus West Nile.