Biodiversité

Les ongulés sauvages de métropole

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Les ongulés sauvages regroupent les ongulés de plaine (cerf élaphe, cerf sika, chevreuil, sanglier) et ceux de montagne (chamois, isard, mouflon, bouquetin). Depuis le début des années 2000, l’augmentation de leurs effectifs et de leurs des aires de répartition en constante progression affecte les écosystèmes ainsi que certaines activités humaines. À l’exception de quelques zones de montagne où les grands carnivores sont à nouveau présents, les cervidés n’ont plus de prédateurs. Quand les populations deviennent localement trop importantes, elles peuvent entraîner des dégâts importants sur les surfaces agricoles et forestières ainsi que dans les milieux naturels. La chasse est un moyen de régulation des populations.

Des effectifs en augmentation

Au niveau national, le cerf élaphe, le chevreuil, le sanglier, le chamois des Alpes, l’isard des Pyrénées, le mouflon (de Corse et méditerranéen), le daim et le cerf sika ont le statut d’espèce de gibier dont la chasse est autorisée. Les prélèvements cynégétiques (par la chasse) permettent d’apprécier la dynamique d’évolution des populations d’ongulés sauvages sur le territoire. Ainsi, sur la période 1973-2021, le nombre de sangliers tués annuellement a été multiplié par 23 et celui des chevreuils par 12. Cependant, les prélèvements restent globalement inférieurs à l’accroissement naturel des populations. Certaines espèces dites marginales comme le daim et le cerf sika, ne sont pas des espèces indigènes en France. Leur présence, essentiellement due à des sorties accidentelles d’enclos, fait aujourd’hui l’objet d’une attention toute particulière.

Évolution du nombre d’individus chassés (réalisations) par espèces chassables d’ongulés sauvages entre 1973 et 2021 en France métropolitaine
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’individus chassés (appelé réalisations) par espèces chassables (hors enclos et parcs) en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Les espèces d’ongulés sauvages représentées sont le sanglier, le chevreuil, le chamois, le cerf élaphe, le mouflon, l’isard, le daim et le cerf sika. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Sur la période 2002-2021, le cerf sika – espèce invasive (+ 342 % de réalisation), le daim (+ 180 %) et le cerf élaphe (+ 105 %), sont les espèces dont les populations ont le plus progressé. À l’inverse, l’évolution des populations d’isard (+ 10 %) et de mouflon (+ 3 %) est moins prononcée, voire en diminution pour les chamois (- 12 %). Bien qu’elles soient toujours en pleine expansion sur cette même période, l’augmentation des populations de chevreuil (+ 31 %) et de sanglier (+ 88 %) ralentit par rapport à la période 1982-2002 (respectivement + 48 % et + 120 %).

Les quotas cynégétiques, attribués chaque année (appelés « attribution »), constituent le plan de chasse des fédérations. Chaque licencié dispose d’un quota notifié par arrêté individuel. Le nombre d’individus chassés (appelé « réalisation » ou « prélèvement ») peut être limité afin de préserver l’espèce et éviter son extermination (cas du cerf sika, de l’isard).

Cerfs élaphes

Depuis 1985, une enquête sur les massifs à cerfs est réalisée par le Réseau ongulés sauvages OFB-FNC-FDC. Renouvelée en 1988, 1991, 1995, 2000, 2005 et 2010, elle permet de caractériser l’évolution des populations de cerf élaphe et des secteurs géographiques dans lesquelles ils vivent. Il ressort de cette enquête que le cerf élaphe (tout comme le chevreuil) est en forte augmentation en France depuis 1985, tant en termes d’effectifs que de surface forestière colonisée.

En 2010, le cerf élaphe occupait 16 millions d’hectares répartis sur 83 départements, dont 7,4 millions d’hectares de forêts (soit 49 % du territoire boisé national). Entre 1985 et 2010, la superficie qu’il occupe a été multipliée par 2 et ses effectifs par 4, passant d’environ 37 500 en 1985 à environ 160 000 en 2010. La progression marque cependant un ralentissement entre 1991 et 2010.

Alors que le cerf élaphe était peu présent dans la moitié sud de la France au milieu des années 1980, la tendance est désormais à une homogénéisation des effectifs entre le nord et le sud. Cela se traduit par des évolutions inégales selon les zones géographiques :

  • d’une part, un très fort accroissement des populations dans les départements montagneux : en moyenne, les effectifs ont été multipliés par 11 depuis le début du milieu des années 1990 dans les départements alpins et par 9 dans les départements pyrénéens ;
  • d’autre part, une progression inférieure à la moyenne nationale pour les départements dépassant déjà 1 000 têtes en 1985 (sauf le Loir-et-Cher).

Les plus fortes concentrations de population se trouvent dans les massifs forestiers de plaine et de basse altitude. Entre 2005 et 2010, l’extension du cerf s’est principalement effectuée dans les zones où il était déjà présent. Sur la période 1980-2022, les populations ont particulièrement progressé grâce à une politique de renforcement des effectifs et une colonisation des milieux de montagne (Alpes et Pyrénées) et de la moitié sud du pays.

En 2021, le cerf élaphe occupe 51 % de la superficie des forêts nationales (absent dans les départements 32, 62, 69, 75, 92, 93 et 94).

Aire de présence du cerf élaphe en France métropolitaine en 2021
Carte représentant l’aire de présence du cerf élaphe en France métropolitaine en 2021. Source : Réseau Ongulé sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Attributions

Attributions hors enclos parcs du cerf élaphe entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’attributions hors enclos et parcs du cerf élaphe en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations

Réalisations hors enclos du cerf élaphe entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs du cerf élaphe en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos du cerf élaphe entre 1973 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations (total des prélèvements connus) de cerf élaphe par département en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulé sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Chevreuils

Avec une population comprise entre 1,5 millions et 2 millions d’individus, le chevreuil est l’espèce la plus représentée sur le territoire métropolitain. Ses effectifs ont été multipliés par plus de 3 sur la période 2001-2021, la majeure partie de l’effectif se situant dans le quart nord-est (Bas-Rhin, Moselle, Meuse, Haute-Marne, Vosges) et le sud-ouest (Landes, Gironde, Dordogne).

L’évolution des tableaux de chasse réalisés depuis 1973 reflète la progression récente du cerf élaphe et du chevreuil. Sur la période 2002-2021, le nombre d’animaux abattus a augmenté de 105 % pour le cerf élaphe et de 31 % pour le chevreuil. En 2021, le taux de réalisation des attributions (rapport entre les effectifs d’animaux effectivement abattus et ceux qui pouvaient l’être) a atteint 69 % pour le cerf élaphe et 80 % pour le chevreuil. Sur la campagne 2021-2022, près de 75 000 cerfs élaphe et 600 000 chevreuils ont été prélevés.

Attributions

Attributions hors enclos parcs du chevreuil entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’attributions hors enclos et parcs du chevreuil en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations

Réalisations hors enclos du chevreuil entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs du chevreuil en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos du chevreuil entre 1973 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations (total des prélèvements connus) de chevreuil par département en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulé sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Cerfs sika et daims

Même s’ils demeurent peu présents en France, les espèces invasives d’ongulés (cerf sika et daim) connaissent ces dernières années, une augmentation significative du nombre d’individus, ce qui a des conséquences sur les écosystèmes locaux : risques d’hybridation entre cerf sika et cerf élaphe, impact du daim sur les peuplements forestiers ou les milieux agricoles, etc. Depuis le début des années 2000, la distribution géographique (hors enclos) des populations de daim et cerf sika a fortement progressé.

Le daim se rencontre aujourd’hui dans plus de la moitié des départements, mais sa progression géographique ralentit. Sa présence se concentre sur le Haut-Rhin (461 individus) et la Seine-et-Marne (160 individus). Son apparition est observée dans 7 départements dont l’Aube et l’Aude et il disparait dans 8 départements comme le Calvados et l’Eure-et-Loir où la pression de chasse est importante.

Le Cerf sika fait quant à lui son apparition dans 4 départements dont la Seine-et-Marne et l’Isère et n’a, à ce jour, disparu d’aucun département. Le Loiret (66 individus) ou encore le Haut-Rhin (60 individus) sont les deux départements concentrant une importante partie des effectifs.

Répartition du daim et du cerf sika en 2019

Aire de présence du daim en France métropolitaine en 2019
Carte représentant l’aire de présence du daim en France métropolitaine en 2019. Source : Réseau Ongulé sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.
Aire de présence du cerf sika en France métropolitaine en 2019
Carte représentant l’aire de présence du cerf sika en France métropolitaine en 2019. Source : Réseau Ongulé sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Avec des populations ayant triplé en 20 ans, le daim est prélevé en 2021 dans 48 départements. Le taux de réalisation des attributions pour cette espèce atteint à ce jour 41 %. La tendance des populations de cerf sika suit une dynamique similaire, sa population ayant quadruplée sur la même période. L’espèce est prélevée dans 9 départements. En 2020, le taux de réalisation des attributions était de 33 % (données d’attributions non disponibles en 2021).

Attributions

Attributions hors enclos parcs du cerf sika entre 1985 et 2020
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’attributions hors enclos et parcs du cerf sika en France métropolitaine entre 1973 et 2020. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations

Réalisations hors enclos du cerf sika entre 1985 et 2020
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs du cerf sika en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos du cerf sika entre 1973 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations hors enclose et parcs (total des prélèvements connus) de cerf sika par département en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulé sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Attributions

Attributions hors enclos parcs du daim entre 1983 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’attributions hors enclos et parcs du daim en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations

Réalisations hors enclos du daim entre 1983 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs du daim en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos du daim entre 1983 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations hors enclos et parcs (total des prélèvements connus) de daim par département en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulé sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Sangliers

Avec plus de 842 000 individus abattus en 2021, le sanglier est l’animal le plus prélevé en France (environ 9 000 prélèvements annuels moyens par département). Pour cette espèce, les prélèvements ont presque doublé sur la période 2002-2021. Une dynamique similaire est observée en Europe. De par son mode de vie (alimentation, reproduction, etc.), l’espèce est fortement présente sur l’ensemble des domaines forestiers (prélèvement national de 4,73 sangliers aux 100 ha boisés). Sur la dernière période de prélèvement 2021-2022, huit départements font l’objet de prélèvements supérieurs à 20 000 sangliers par an (Loir-et-Cher (31 638), Gard (25 314), Moselle (24 263), Haute-Corse (23 955), Bas-Rhin (21 917), Cher (21 874), Hérault (21 799) et Var (20 594)). La Haute-Loire (+ 52 %) et la Manche (+ 48 %) représentent les territoires qui ont subi la plus forte progression des prélèvements contrairement aux départements du Vaucluse (- 19 %), du Gard, des Hautes-Pyrénées et de la Sarthe (- 16 %) qui accusent une baisse significative.

Réalisations

Réalisations hors enclos parcs du sanglier entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs du sanglier en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos du sanglier entre 1973 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations hors enclose et parcs (total des prélèvements connus) de sanglier par département en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Les ongulés de montagne

L’inventaire des populations françaises d’ongulés de montagne conduite entre avril 2016 et avril 2017, sur 45 départements a apporté des précisions sur les tendances estimées issues des précédentes enquêtes (1975, 1989, 1995, 2005, 2010). Il avait un triple objectif : actualiser la carte de répartition des espèces d’ongulés de montagne, analyser l’évolution de leur distribution spatiale et obtenir des informations sur les opérations de lâcher, la situation sanitaire, les méthodes de suivi et tableaux de chasse. Alors que les précédentes enquêtes laissaient entrevoir une hausse des populations, la dernière enquête de 2010 vient nuancer la situation pour certaines populations d’espèces.

Effectifs estimés des populations de chamois, mouflons, isards et bouquetins
Diagramme dressant l’évolution des effectifs estimées de chamois, mouflons, isards et bouquetins à la suite des campagnes d’inventaire de 1975, 1989, 1995, 2005 et 2010. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.
Aire de présence des ongulés de montagne en 2016 en France métropolitaine
Carte représentant les aires de présence du bouquetin des Alpes, du bouquetin Ibérique, du chamois, de l’isard, du mouflon de Corse et du mouflon méditerranéen en France métropolitaine en 2016. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Chamois

Avec une population minimale estimée à 103 345 individus en 2010, les effectifs de chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra) ont plus que triplé depuis 1988, malgré la multiplication par 8 des attributions de quotas de chasse (1 677 animaux en 1988, 14 029 en 2010). Entre 1988 et 2005, l’augmentation des attributions a été très nette. Depuis, la population de chamois continue de progresser mais de façon plus légère. Lors de la saison cynégétique 2021-2022, 12 206 individus ont été prélevés à la chasse.

Le chamois peuple de façon naturelle les Alpes (Hautes-Alpes, Savoie, Isère et Alpes maritimes) et le Jura. Il est également présent dans les Vosges et le Massif Central (Cantal) où il a fait l’objet d’une introduction respectivement en 1956 et 1978. En 2010, l’inventaire qui a été réalisé sur 263 zones de présence a mis en évidence que 83 % des individus était issus d’une souche naturelle, 12 % provenaient d’un renforcement par lâcher et 5 % d’une nouvelle introduction. Plus récemment, en 2016, dans les Gorges du Tarn, 25 individus ont été relâchés et ont rejoints les 5 individus ayant survécu de 2015.

L’essentiel de l’aire de répartition de l’espèce est rassemblé toutefois dans les Alpes (84 %). Il affectionne particulièrement les forêts boisées, les végétations arbustives ou encore les territoires agroforestiers. Actuellement, son aire de répartition couvre plus de 24 000 km2 (4,4 % du territoire métropolitain) soit + 11,4 % par rapport à 2010. Alors qu’en 2011 (inventaire 2010) le chamois était présent dans 21 départements, il est aujourd’hui retrouvé dans 23 départements, soit une colonisation de 2 100 km2. Cet accroissement de son aire de distribution résulte des mesures mises en place sur le territoire (création d’un réseau de réserves de 2 250 km2, limitation des prélèvements, instauration d’un plan de chasse, introduction et renforcement des populations). Depuis le début des années 2010, ses effectifs continuent de progresser surtout en basse et moyenne altitude en grande partie par l’absence de prédateurs, mais aussi par le développement croissant des espaces naturels de montagne lié à la déprise des terres agricoles.

Attributions

Attributions hors enclos parcs du chamois entre 1983 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’attributions hors enclos et parcs du chamois en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations

Réalisations hors enclos parcs du chamois entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs du chamois en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos du chamois entre 1974 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations hors enclose et parcs (total des prélèvements connus) de chamois par département en France métropolitaine entre 1974 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Mouflons méditerranéens

En 2010, la population de mouflon méditerranéen (Ovis gmelini musimon x Ovis sp.) était estimée à 19 510 individus, soit 3 fois plus qu’en 1988. Les attributions de quotas de chasse ont été multipliées par 5 au cours de la période 1988-2010, pour atteindre 3 604 individus en 2021. Lors de la saison cynégétique 2021-2022, 2 512 individus ont été prélevés à la chasse.

Le mouflon méditerranéen a été introduit en France dans le Mercantour en 1950. Son aire de répartition est désormais plus large, et se concentre essentiellement dans les départements de montagne du sud de la France (Provence, Languedoc, Pyrénées Orientales) et des Alpes sèches où l’espèce a nettement progressé par rapport au reste de son aire de présence. Les populations sont issues d’introductions directes particulièrement pour la chasse, seules quelques-unes s’étant constituées par essaimage d’une colonie introduite. Actuellement, son aire de répartition s’étend sur 5 100 km2 (0,9 % du territoire métropolitain). La majorité des effectifs (56 %) se situe au-dessous de 1 500 m d’altitude. Avec près de 60 % de son aire de présence totale, les Alpes accueillent l’essentiel de la population de mouflons méditerranéen suivi du Massif Central et du Haut-Languedoc. L’espèce affectionne les forêts loin devant les milieux à végétation arbustive ou encore les espaces ouverts peu ou pas végétalisés. De fortes disparités territoriales dominent. L’espèce trouve des conditions favorables davantage dans les régions les plus méditerranéennes. Contrairement au mouflon méditerranéen, l’aire vitale du mouflon de Corse (Ovis gmelini musimon var. corsicana), qui a fait l’objet de lâchers dans les Pyrénées Orientales et dans les Alpes de Haute-Provence, est stable depuis 2005. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs : faible reproduction, pression sur l’habitat (feux de forêt, fermeture du milieu, dérangement), braconnages, etc.

Attributions

Attributions hors enclos parcs du mouflon méditerranéen entre 1975 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’attributions hors enclos et parcs du mouflon méditerranéen en France métropolitaine entre 1975 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations

Réalisations hors enclos parcs du mouflon méditerranéen entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs du mouflons méditerranéen en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos du mouflon méditerranéen entre 1973 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations hors enclos et parcs (total des prélèvements connus) du mouflon méditerranéen par département en France métropolitaine entre 1974 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Isards

Entre 1988 et 2010, la population de l’isard des Pyrénées (Rupicapra pyrenaïca pyrenaïca) a doublé pour atteindre 31 160 individus. Après avoir progressé de 1990 à 1996, les quotas de chasse oscillent autour des 3 500 individus avec 3 668 individus en 2021. Bien que les tableaux de chasse semblent montrer une relative stabilité des effectifs sur la période 2002-2022, de grandes disparités territoriales existent. La présence de maladies dans certaines populations (épizooties de pestivirose, kératoconjonctive contagieuse) peut expliquer une dynamique moins prononcée alors que d’autres départements connaissent une augmentation des tableaux de chasse. Lors de la saison cynégétique 2021-2022, 2 695 individus ont été prélevés à la chasse.

L’isard est uniquement présent dans les départements de la chaîne des Pyrénées, principalement dans les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées Orientales et l’Ariège. Il affectionne particulièrement les milieux de basse et moyenne altitude (70 % de l’aire de répartition en dessous de 2 000 m). Depuis 1989, son aire de présence ne cesse de progresser sur le versant français des Pyrénées. En 1994, il occupait près de 500 km2, contre plus de 6 000 km2 en 2016 (1,1 % du territoire métropolitain). Cette espèce n’a jamais fait l’objet de tentative d’introduction hors de son aire de distribution historique, contrairement au chamois des Alpes (sur les 51 zones de présence inventoriées en 2010, 78 % avaient une origine naturelle). Tout comme le chamois, l’isard des Pyrénées a bénéficié de mesures similaires qui ont favorisé son développement ce qui explique cette dynamique (création d’un réseau de réserves de 1 385 km2, limitation des prélèvements, mise en place de quota de tir, instauration d’un plan de chasse, introduction et renforcement des populations).

Attributions

Attributions hors enclos parcs de l’isard entre 1983 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre d’attributions hors enclos et parcs de l’isard en France métropolitaine entre 1983 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations

Réalisations hors enclos parcs de l’isard entre 1973 et 2021
Diagramme dressant l’évolution du nombre de réalisations hors enclos et parcs de l’isard en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Réalisations départementales

Réalisations départementales hors enclos de l’isard des Pyrénées entre 1973 et 2021
Carte représentant le nombre de réalisations hors enclos et parcs (total des prélèvements connus) de l’isard par département en France métropolitaine entre 1973 et 2021. Source : Réseau Ongulés sauvages, OFB-FNC-FDC. Traitement : SDES, 2023.

Bouquetin

Afin de protéger les espèces d’ongulés sauvages, des vagues de réintroduction ou la définition de périmètre de protection ont été mis en place. À la fin des années 1980, des campagnes de réintroduction d’ongulés de montagne ont eu lieu pour le chamois, l’isard, le mouflon ou encore le bouquetin afin d’étoffer les effectifs jusqu’alors faibles.

Espèce au bord de l’extinction à la fin du 19e siècle, le bouquetin des Alpes fait aujourd’hui l’objet de dispositifs de protection qui ont permis d’améliorer l’état de conservation de l’espèce. Dans les années 1960, dans les Alpes, l’espèce a été protégée par la création de territoires à protection forte, puis par la réalisation d’opérations de réintroduction. À titre d’exemple, le Parc national de la Vanoise, premier parc national français, a été créé en 1963 pour la protection de cette espèce. À partir des quelques dizaines d’individus présents dans le massif de la Vanoise en 1960, la population a atteint, grâce aux réintroductions, 1 650 animaux en 1986 puis 4 300 en 1995, plus de 9 000 en 2010 et 10 500 aujourd’hui (estimation 2015). Cette évolution rapide des effectifs s’est traduite par un élargissement de l’aire de répartition de l’espèce. La disparition de la population initiale a entrainé une diminution de la diversité génétique non sans conséquences puisqu’elle doit s’adapter aujourd’hui aux évolutions de son environnement : climat, ressources alimentaires, maladies émergentes. Face à cette situation, en mai 2021, une opération de renforcement des populations du Mercantour était opérée. 19 bouquetins provenant du Parc national de la Vanoise étaient relâchés dans le Parc national du Mercantour. Depuis 2017, un programme européen transfrontalier France/Italie (programme Alcotra Bouquetin) a pour but d’assurer une meilleure gestion conservatoire de l’espèce dont le domaine vital couvre l’arc alpin.

Le bouquetin ibérique fait, lui aussi, l’objet de programmes de réintroduction. De 2014 à 2021, environ 150 bouquetins ont été relâchés dans la vallée d’Aspe. On estime qu’aujourd’hui sur le territoire du Parc national des Pyrénées, plus de 330 individus occupent le territoire. Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2027.

Conséquences de l’augmentation des effectifs d’ongulés sauvages

Devant leur nombre croissant sur le territoire, les ongulés sauvages exercent une pression sur le milieu naturel ainsi que sur les activités humaines (couvert forestier fragilisé, hybridation des populations souches, collisions, dégradation des cultures).

Pression sur les habitats et impact sur la faune

En France, on constate, en particulier dans les milieux montagneux forestiers, une cohabitation de plus en plus forte des espèces d’ongulés de plaine et de montagne. Actuellement, sur 52 % de la superficie des forêts françaises et 34 % du territoire national cohabitent dorénavant trois à cinq espèces d’ongulés générant une pression significative sur les habitats et les espèces qui s’y trouvent.

La présence de plusieurs ongulés sur un même territoire peut avoir un impact significatif sur la faune. Par exemple, le cerf sika peut affecter les populations sauvages en polluant génétiquement les souches de cerf élaphe. Certaines maladies rencontrées chez les ongulés (brucellose bovine, fièvre aphteuse, tuberculose bovine, etc.) peuvent affecter, par ailleurs, les populations qui cohabitent avec les ongulés.

Par ailleurs, les ongulés sauvages peuvent modifier par différentes activités, la composition et la diversité des communautés végétales (abroutissement, écorçage, retournement de la surface du sol, etc.). Par exemple, le cerf élaphe et le chevreuil sont responsables de l’échec des régénérations naturelles de sapin pectiné du fait de l’abroutissement sur les semis (30-40 % des semis consommés la première année). Le daim peut provoquer quant à lui de gros dégâts aux peuplements forestiers car il écorce beaucoup et qui plus est, présente un comportement plus grégaire et sédentaire que le cerf élaphe. Enfin, le cerf sika peut également causer d’importants dégâts car il affectionne préférentiellement les boisements forestiers denses.

Collisions (mortalité extra-cynégétique)

Face à l’accroissement des populations d’ongulés, les collisions routières sont en augmentation. Chaque année, le nombre de collisions routières est estimé à 40 000 individus toutes espèces confondues soit près de 110 par jour (dont 25 % de sangliers et 20 % de chevreuils). Afin de favoriser les échanges entre les réservoirs de biodiversité quelques fois fragmentés par un réseau routier relativement dense, des couloirs sont conçus. Appelés « écoponts » (ponts recouverts de végétation et de mares, pour les amphibiens) ou « écoducs » (tunnels aménagés), la France en dénombre aujourd’hui plus de 4 000. D’ici 2027, près de 250 nouveaux aménagements sont prévus.

Dégradation des cultures

Les ongulés sauvages peuvent être responsables de dégâts sur certaines cultures (maïs, blé, colza, prairie, vigne). Le montant de l’indemnisation aux agriculteurs pour l’année 2021 concernant les dégradations imputées aux ongulés s’élèvent à 77,3 millions d’euros au niveau national. 85 % des dégâts déclarés proviennent du sanglier, 13 % du cerf et 2 % du chevreuil. Le sanglier à lui seul est responsable de la destruction de cultures tel que le maïs (entre 6 000 et 8 000 ha chaque année) mais aussi de prairies (24 % des dégâts) et de vignes. En 2019-2020, plus de 52 500 dossiers de demande d’indemnisation ont été ouverts sur 80 départements (+ 40 % en cinq ans). La multiplication des populations dans le milieu agricole est la principale cause de cette dynamique.

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