Climat

Risques climatiques : six Français sur dix sont d’ores et déjà concernés

Mis à jour le | Commissariat général au développement durable

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Selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), certains événements extrêmes météorologiques peuvent dorénavant devenir plus fréquents, plus répandus ou plus intenses. La France est exposée à de multiples aléas climatiques à l’origine de 165 évènements naturels dommageables entre 1900 et 2017 et de 3 100 victimes (hors vagues de chaleur). Comment estimer l’exposition de la population française à ces risques climatiques ? Comment approcher la vulnérabilité des territoires qui dépend également de l’exposition des différents pans de l’économie locale ?

Qu’est ce que le risque climatique ?

Les populations, les biens et les activités humaines des territoires (enjeux) sont soumis à de nombreux aléas climatiques (inondation ou submersion marine, tempête ou cyclone, mouvements de terrain, érosion côtière, feu de forêt, avalanche) qui génèrent des risques climatiques sur les biens et personnes. Ces derniers font partie des risques majeurs caractérisés par une fréquence faible et une forte gravité à l’origine de nombreuses victimes et/ou d’un coût important en termes de dégâts matériels et d’impacts sur l’environnement. Quant à la vulnérabilité, elle mesure le niveau de conséquences prévisibles de l’aléa sur les enjeux. Elle caractérise la plus ou moins grande résistance des enjeux dudit territoire à un évènement donné.

Comment le changement climatique impacte le niveau de risque climatique ?

Selon le GIEC, « outre l’augmentation des températures, les impacts du changement climatique résultent de multiples vecteurs environnementaux. Parmi eux, figurent l’évolution des régimes pluviométriques, l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes extrêmes, comme les inondations, les sécheresses et les vagues de chaleur » (IPCC, 2014e). Quant à la nature et à la gravité des impacts, « ils dépendent non seulement des caractéristiques des aléas, comme la modification de la moyenne et des extrêmes climatiques, mais aussi de la vulnérabilité, ou sensibilité et capacité d’adaptation des populations, ainsi que de leur exposition aux menaces climatiques » (IPCC SR1.5, 2018).

La France est exposée à de multiples aléas climatiques

L’extrême diversité des caractéristiques climatiques et géomorphologiques de la France sous-tend l’exposition de ses territoires : régime atlantique sujet aux submersions marines (littoral), sols argileux propices au retrait-gonflement d’argiles (Sud-Ouest, Centre), cyclones tropicaux (Antilles), etc.

Entre 1900 et 2017, 180 événements naturels dommageables ont affecté la France. Neuf événements sur dix sont liés aux conditions climatiques. Environ deux tiers des phénomènes climatiques correspondent à des inondations et un cinquième relève de phénomènes atmosphériques (cyclone, ouragan, tempête). Pour autant, l’essentiel des victimes (85 %) résulte des vagues de chaleur. La canicule durant l’été 2003 a ainsi été particulièrement dévastatrice en métropole (15 000 décès).

Parmi l’ensemble des événements naturels dommageables (y compris événements telluriques), plus des deux tiers sont dits « très graves » car, soit ils ont provoqué au moins 10 morts, soit plus de 30 millions d’euros de dommages matériels. La fréquence annuelle de ces « accidents » dits « très graves » a presque quadruplé ces deux dernières décennies par rapport aux quatre précédentes. Elle passe d’un événement par an entre 1950 et 1996, à 3,6 sur la période allant de 1997 à 2017.

Évènements naturels dommageables entre 1900 et 2017
Illustration 2574
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Inondations et mouvements de terrain : une communes sur deux exposée

En 2016, au moins un aléa naturel de type climatique a été identifié par les services de l’État pour quatre cinquièmes des communes françaises (soit 28 500 communes). L’analyse individuelle des aléas montre la prévalence des inondations et des mouvements de terrain. Ils concernent respectivement 57 % et 53 % des communes. Suivent les phénomènes atmosphériques (21 %), les feux de forêts (19 %) et enfin, les avalanches (2 %). Du reste, de nombreuses communes cumulent plusieurs de ces aléas sur leur territoire : deux (30 %), trois (14 %), quatre (4 %), voire cinq (0,2 %).

Le niveau d’exposition des populations, au sein de ces communes déclarées à risque ou à multirisque climatique, reflète des disparités territoriales. Elles résultent non seulement de la conjonction d’aléas climatiques variés sur un même territoire, mais également du degré d’urbanisation. Les communes peuvent être classées selon cinq niveaux d’exposition : très fort (5 % des communes), fort (13 %), moyen (11 %), faible (19 %), très faible (32 %) ou nul (20 %). Cette exposition se révèle d’autant plus forte que la densité de population et le nombre de risques climatiques identifiés par commune s’avère élevés.

Nombre d’aléas climatiques identifiés par commune en 2016

Illustration 2580
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Source : MTES, Gaspar, 2017 – © IGN, BD Carto®, 2016.

Traitements : SDES, 2019

Nombre d’aléas climatiques identifiés par commune en 2018

Illustration 2579
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Source : MTES, Gaspar, 2019 – © IGN, BD Carto®, 2016.

Traitements : SDES, 2019

Méthodologie : indice d’exposition
Les populations potentiellement exposées aux risques climatiques (inondations ou submersions marines, tempêtes ou cyclones, mouvements de terrain, feux de forêt, avalanches) est analysée à l’échelle communale en métropole et en outre-mer. La méthode s’appuie sur les déclarations des communes à risque majeur par les services de l’État. Elles sont modulées pour tenir compte des risques avérés lorsque les communes ont fait l’objet d’au moins trois arrêtés de catastrophe naturelle pour un aléa climatique donné entre 1982 et 2015.

Exposition
= note relative au nombre d’aléas climatiques x note relative à la densité de population/10
= (nombre d’aléas déclarés/nombre d’aléas possibles x 10) x (quantile de la densité de population/10) / 10

Chacune des notes s’étale de 0 (pas d’aléa ; densité de population la plus faible) à 10 (tous les aléas ; densité de population la plus forte). L’exposition s’étale de 0 (exposition la plus faible) à 10 (exposition la plus forte). L’exposition a été découpée en 6 classes (seuils naturels de Jenks) pour être cartographiée : aucun risque climatique (0), très faible (0 à 1,6), faible (1,6 à 2,8), moyen (2,8 à 4,0), fort (4,0 à 5,6), très fort (5,6 à 9,8).

Voir : CGDD/SDES, 2020. Note de méthode. La vulnérabilité des communes aux menaces climatiques : méthode de calcul et classification typologique, janvier 2020, 32 p.

De la population exposée à la vulnérabilité des territoires

Les 28 657 communes exposées aux risques naturels de type climatique peuvent être classées en six catégories de territoires, homogènes en termes d’exposition aux risques climatiques. L’ampleur des risques encourus dans ces territoires est tributaire des choix réalisés en matière de développement et d’aménagement, notamment au niveau local, au regard de la vulnérabilité de ces zones et des enjeux exposés (population, industrie, commerce, patrimoine…).

Deux tiers de la population française (soit 44 millions d’habitants), résidant dans près de la moitié des communes sont vulnérables aux inondations. 61 % d’entre elle sont également exposées aux mouvements de terrain. Elles se situent le long des cinq grands fleuves métropolitains et de leurs affluents, sur le littoral atlantique et en Guyane. Ces territoires concentrent en moyenne plus d’habitants et de zones artificialisées (respectivement 1,3 fois plus), d’équipements d’enseignement ou de santé (1,4 fois plus), d’installations sportives ou de maisons individuelles (1,2 fois plus).

Environ 6 % de la population et 16 % des communes françaises sont localisées dans des espaces ruraux exposés aux mouvements de terrain. Un quart de ces communes sont également concernées par les feux de forêt. Deux fois moins artificialisés qu’en moyenne, ces territoires comptent également 2,6 fois moins de population.

Le troisième groupe rassemble 13 millions d’habitants (soit 18 % de la population) et 14 % des communes françaises situées surtout dans les grands massifs forestiers du Sud-Est. Avec quatre fois plus de milieux à végétation arbustive et/ou herbacée et le double de forêts par rapport à la moyenne française, elles sont particulièrement vulnérables aux incendies. Les bâtiments, la population et les établissements employeurs plus élevés qu’en moyenne dans les zones inondables accentuent leur vulnérabilité aux inondations.

Les avalanches concernent 611 communes de haute montagne (soit 2 % des communes). Plus de 90 % d’entre elles sont également exposées aux inondations ou aux mouvements de terrain et trois quarts d’entre elles aux feux de forêt. Situées pour les trois quarts en zone rurale et très éloignées des services (Alpes, Pyrénées), ces communes sont axées sur l’économie touristique : 6,7 fois plus de résidences secondaires et 2,7 fois plus d’équipements touristiques que la moyenne métropolitaine.

Les départements ultramarins (hors Guyane) sont concernés par les ouragans sur l’ensemble de leur territoire, par les mouvements de terrain et les inondations et, dans une moindre mesure par les feux de forêt. Ce groupe concerne moins de 3 % de la population, mais compte sept fois plus de surfaces artificialisées et dix fois plus d’habitants et de maisons que la moyenne nationale. Les submersions marines menacent les littoraux. L’emprise des bâtiments, totale ou sans étage, et la population vivant dans ces zones potentiellement inondables valent respectivement 14, 17 et 20 fois les moyennes françaises.

Les territoires peu vulnérables rassemblant près de 3,6 millions d’habitants, résidant dans un cinquième des communes françaises. Situées dans des espaces ruraux avec une population en baisse, ces communes ont aussi près de quatre fois moins d’habitants en moyenne et le nombre de maisons et la surface des zones artificialisées y sont 2,5 fois plus faibles.

Méthodologie : typologie de vulnérabilité
La typologie de la vulnérabilité des territoires et des enjeux exposés permet d’estimer les effets cumulés des risques climatiques susceptibles d’affecter une commune en particulier et d’approcher la capacité de résilience des territoires lors de la survenue d’une catastrophe.

Chaque commune se voit affecter cinq variables booléennes (0/1) selon que son territoire est concerné ou non par les aléas climatiques suivants : inondation, mouvement de terrain, feu de forêt, phénomène atmosphérique et avalanche. Le risque phénomène atmosphérique est pris en compte uniquement pour les communes de l’outre-mer. Il est considéré comme nul pour la métropole.

L’analyse statistique (classification ascendante hiérarchique) de ces variables permet de répartir les communes françaises entre 5 classes. Pour chacune d’entre elles, le nombre moyen de risques a été calculé afin de caractériser ces classes au regard de l’exposition aux risques, ainsi que les pourcentages de sous ou surreprésentation d’un risque climatique dans une classe par rapport à l’ensemble des communes.

Les classes sont ensuite caractérisées au regard de variables qualitatives (typologies des aires urbaines, occupation du sol, etc.) et de variables quantitatives (nombre de résidences principales, d’équipements, d’emplois, d’habitations et d’habitants en zone inondable, etc.). Une analyse statistique de comparaison de moyenne permet ainsi de vérifier si, pour chaque variable initiale, la moyenne dans une classe est significativement différente de la moyenne sur l’ensemble de la population.

Voir : CGDD/SDES, 2020. Note de méthode. La vulnérabilité des communes aux menaces climatiques : méthode de calcul et classification typologique, janvier 2020, 32 p.

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