Gestion de l’eau en période de sécheresse en France métropolitaine
Mis à jour le | Commissariat Général au Développement Durable
Partager la page
En période de sécheresse, lorsqu’une pénurie d’eau est prévisible sur une zone géographique déterminée, des restrictions d’eau graduelles et temporaires sont déclenchées par les préfets pour préserver les utilisations prioritaires. Chaque année, de 2015 à 2022, plus de la moitié des départements de France métropolitaine connaissent des restrictions durant l’été sur tout ou partie de leur territoire. De 2002 à 2014, cette situation s’était produite 4 années sur 12. L’année 2022 est une année exceptionnelle pour l’étendue géographique, la durée et la sévérité des restrictions.
Cadre général des restrictions de prélèvements et usages de l’eau
Les mesures de limitation des prélèvements d’eau sont établies après concertation par arrêté préfectoral. Elles sont définies pour une zone de gestion : bassin versant pour les cours d’eau, nappe ou portion de nappe pour les eaux souterraines. Un département compte généralement plusieurs zones de gestion. Les mesures sont adaptées aux différents utilisateurs : ménages, agriculteurs, industries…
Quatre niveaux de limitation sont mis en œuvre progressivement selon la sévérité de l’épisode de sécheresse constatée : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise. Le niveau vigilance sert à informer et inciter les particuliers et les professionnels à économiser l’eau. Les niveaux d’alerte et alerte renforcée exigent de réduire tous les prélèvements, et interdisent les activités impactant les milieux aquatiques. Jusqu’à 50 % d’économie d’eau peut être exigée. Lorsque le niveau de crise est déclenché, des interdictions sont appliquées pour préserver les usages prioritaires : santé, sécurité civile, eau potable, salubrité. Les prélèvements d’eau pour l’agriculture sont alors interdits totalement ou partiellement (voir cadre réglementaire en fin d’article pour plus de détails).
Contexte des étés 2021 et 2022 en France métropolitaine
L’été 2021 commence en juin avec des nappes d’eau souterraines suffisamment réalimentées, grâce à un hiver puis un mois de mai très pluvieux. Les sols superficiels sont quant à eux plus humides que la moyenne dans l’ensemble. En juin et juillet, un temps frais et un cumul de précipitations très élevé ont limité les besoins en eaux estivaux, ce qui a permis de décaler la prise des restrictions des usages de l’eau et d’en limiter l’étendue géographique.
L’été 2022 démarre avec des nappes d’eau souterraine insuffisamment réalimentées, à cause d’une succession de mois plus chauds et plus secs que la normale depuis l’automne 2021. De plus, à l’issue du printemps, la sécheresse déjà sévère des sols superficiels a accru le besoin d’irrigation, et les prélèvements pour irrigation dans les eaux souterraines ont démarré précocement. Les cours d’eau bénéficieront donc moins de l’apport des eaux souterraines durant l’étiage. Le mois de juin très pluvieux a toutefois temporisé la prise de mesures de restriction des usages de l’eau. Par la suite, le manque de pluie, les vagues de chaleur successives, ainsi que l’intensité de la sécheresse des sols superficiels ont accentué les besoins en eau et ont conduit à déclencher des restrictions. Celles-ci s’intensifient à partir de fin juillet et restent en vigueur après la fin de l’été.
Départements concernés par des restrictions
L’été 2022 a été exceptionnellement sec, et au 15 août, tous les départements de France métropolitaine sont concernés par des restrictions des usages de l’eau, dont 93 au-delà du niveau vigilance. Les limitations s’appliquent à l’utilisation des eaux de surface (cours d’eau, canaux, lacs et étangs…) ou des eaux provenant des nappes souterraines.
Graphique 1 : Évolution du nombre de départements touchés par des arrêtés de restrictions des usages de l’eau durant l’été